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L'odyssée de Tattum
8 novembre 2008

Ma destination préférée à Madagascar -4-

Précédemment:
Part 1
Part 2
Part 3

Nous reprenons la route. Le soleil se couche, l'obscurité s'installe peu à peu. L'ambiance est détendue, Fred et Micka font une compétition de la blague la plus drôle. Nous traversons ainsi plusieurs villages plongés dans le noir complet, si bien que je perds alors tout repère et ne retiens plus aucun nom.

19h: la faim s'installe peu à peu avec toutes ces émotions. Nous décidons de nous arrêter à la prochaine gargote ou épicerie encore ouverte. Seulement voilà, les kilomètres défilent, et aucune adresse où stopper.
Plus de deux heures plus tard, exaspéré, Fred freine devant une petite maison elle aussi plongée dans le noir, surmontée d'un timide panneau où l'on peut lire "Hotely". Ne doutant de rien, il frappe à la porte. Quelques minutes plus tard, un homme visiblement tiré de son sommeil, emmitouflé dans une couverture, nous ouvre.
Fred: "Désolés de vous déranger à cette heure tardive, mais nous recherchons une gargote ou juste de quoi dîner ce soir. Nous avons encore une longue route. Est-ce que vous servez quelque chose à manger?"
L'hotelier, pris au dépourvu: "C'est-à-dire que normalement, oui nous pouvons servir des plats, mais nous n'avons rien cuisiné ce soir..."
Devant notre air désemparé, affamés que nous étions, il reprend:
"Ceci dit, si vous pouvez patienter, je vais réveiller ma femme et nous allons vous préparer du riz et du poulet. Mais il faut patienter, le temps qu'on vide et prépare le poulet."
Nous: "Euh, nous ne voulons pas non plus vous déranger à ce point. Même si vous nous faites juste un peu de riz, ou autre chose, sans avoir à tuer un poulet juste pour nous.."
L'hotelier: "Non, non, entrez, c'est avec plaisir, si vous êtes prêts à patienter."

J'ai trouvé cette spontanéité et hospitalité formidable. C'est alors le début d'une longue série de mémorables rencontres humaines.

L'hotelier, Mamy, nous a installé dans une pièce éclairée par une petite lampe à pétrole. Il nous sert même à boire, le temps de nous faire patienter. Nous voulons l'aider, mais il refuse énergiquement. Nous voici donc attablés, fatigués, mais heureux de ce moment de convivialité inespéré.
Une heure et demie plus tard, le dîner est servi, tout simplement délicieux d'autant que nous ne nous sommes pas attendus à un tel accueil. Nous en profitons pour discuter avec nos hôtes qui ont partagé le repas avec nous. Ils sont étonnés de nous savoir Zo et moi, voyageant ainsi loin de chez nous. Bien que nous aurions aimé traîner pour mieux apprécier ce moment, l'heure qui tourne nous oblige à prendre congés d'eux, après les avoir généreusement réglés pour le dérangement et pour leur générosité.

Et nous nous enfonçons dans la nuit noire. Entre la digestion et la fatigue qui s'accumule de plus en plus, je ne réagis plus vraiment aux blagues des deux compères, qui soit dit en passant, deviennent de plus en plus salaces au fur et à mesure que l'heure avance. Après tout, il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre. :) Mais pourquoi donc l'audace devient-elle proportionnelle à l'obscurité? :) Le voyage a fini dans un silence complet, Fred s'est mis à accélerer, dangereusement par moment, le ras-le bol s' est généralisé.

Nous sommes attendus chez le météorologue et sa famille à Morombe. La magie des relations à la malagasy, ni Zo no moi ne les connaissons, juste qu'ils ont été recommandés par des connaissances de connaissances. Nous les avons prévenus de notre arrivée par radio. Nous ne pouvons pas nous tromper, il n'y en a qu'un seul dans cette bourgade, où Fred et Micka connaissent tout le monde et réciproquement.

1h du matin: Nous arrivons à Morombe, enfin. Mais ce n'est pas encore ma destination finale. :) Nous passons devant la propriété de Fred, avant de prendre un sentier à gauche. 800m plus tard, nous nous arrêtons devant une maison encore éclairée, au milieu d'un grand terrain dégagé. Nous remercions vivement Fred de nous avoir emmenées jusqu'ici, et prenons congés. Nous sommes amenés à nous revoir dans les jours suivants, Morombe est minuscule.
En entendant la voiture, Jean, le météorologue, sort pour nous accueillir.
"Tonga soa! Nous savions que vous alliez arrivées tard. Tonga soa, entrez donc!"
Zo et moi sommes dans une telle crasse que nous faisons attention en entrant dans le salon où sa femme, Sahondra, nous reçoit tout aussi chaleureusement. Même leurs enfants, Mirana et Rado, 8 ans et 12 ans, ne dorment pas encore, surexcités par notre arrivée.

Quel plaisir de nous poser enfin, après cette journée de 16h de périple. Encore une fois, nous sommes formidablement accueillis, j'ai l'impression de retrouver de la famille que je n'ai pas vu de longue date, alors que je ne les connaissais absolument pas avant cette rencontre.  Encore une fois, je bénis l'hospitalité malagasy... Et quelle hospitalité! Au fin fond de Madagascar, nous voici dans une maison plutôt coquette. Le salon aux murs roses est douillet, au confort qui n'a rien à envier aux chaumières citadines: canapé confortable dans lequel nous hésitons à nous installer vu notre état, la télé, une chaîne hifi qui est en train de passer un cd de techno à 1h du matin- tout simplement énorme! -, de jolis portraits au mur.
Nous leur racontons nos aventures de la journée, tandis qu'ils s'exclament de notre audace de voyager seules ainsi, vers l'inconnu. Puis Sahondra nous propose de nous doucher, proposition accueillie avec grand soulagement. Mais ni Zo, ni moi n'avons plus le courage d'attendre que l'eau soit chauffée, nous allons la prendre froide, glaciale si nécessaire!

Jean est allé remplir plusieurs seaux d'eau, grâce au puits situé juste derrière la maison. Je cherche alors du regard la salle d'eau, qui sera en fait dans la cuisine. Celle-ci est vaste, et dans un coin légèrement en pente, se trouve un orifice par où s'écoule l'eau. Voici le coin douche. Je l'avais déjà prise dans des endroits improbables ou incongrus, mais je découvrais la salle d'eau dans la cuisine. Toujours est-il qu'elle a été divine, je refais peau neuve en me débarrassant de cette épaisse couche de poussière mêlée à la sueur. Mes habits de la journée ainsi que mes tongs sont littéralement rouges. Passés du bleu et du vert, au rouge.

Et quand enfin je ressors de là, je crois rêver ou terrassée par la fatigue, je n'en crois pas mes yeux en voyant le lit qui nous est destiné: un grand lit pour Zo et moi, avec des oreillers moelleux, des draps et des couvertures propres. Nous nous étions préparées à tout, en emmenant notre tente et nos duvets, mais quelle agréable surprise que de dormir alors dans un lit plus que confortable dans le sud de la Grande Ile.

Jean nous explique ce que nous devons encore organiser au petit matin, pour notre ultime étape vers la destination tant rêvée. Puis nous sombrons dans un sommeil mérité, sourire aux lèvres, enchantées par un tel accueil.

A suivre: part 5

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Commentaires
R
izao no tagy vaovao e (a2ème destination préférée)<br /> <br /> Ah oui, ah oui, au turbin les filles !<br /> sipakv<br /> msf’t<br /> tattum<br /> lilia<br /> pissoa<br /> la question est :<br /> Pourquoi Bloguer sur l’Afrique ?
M
La magie du recit reste toujours ta spécialité et nous adorons revenir souvent pour te lire, keep on...
T
Rasalimo> merci de ta fidélité et patience en tout cas.<br /> Ca arrive. ;)<br /> <br /> Laingama> un bel odyssée oui :) Sans chants de sirènes mais tout autant d'épreuves.<br /> Il y en a bien eu d'autres, tout aussi forts, mais celui-ci est de loin celui qui me tient le plus à coeur. :)<br /> Kely sisa!
L
oops ! "un beau voyage", bien sûr :-)
L
Heureux qui, comme Tattum, a fait un eau voyage<br /> ...
L'odyssée de Tattum
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