J'ai le blues du Sud-Ouest -2-
J'ai le blues du Sud-Ouest -1-
cette fois de Madagascar.
Il m'est peut-être plus facile d'y penser maintenant... Maintenant que je sais, que je me suis avisée à retourner cet été dans le Sud-Ouest (de la France). Avec un billet aller-retour... L'envie d' un aller simple n'a pas disparu, mais bras dessous, bras dessus, nous irons et reviendrons. Dit-elle, sagement... C'est déjà une bonne chose d'affronter ses tentations avec sagesse, pardi! Rome est partie remise, très certainement en hors saison. L'Italie, c'est une autre grande histoire d'amour. :)
En attendant, je me fais douleur en ce moment, à regarder des reportages sur la Polynésie, les îles Fidji, et, et... sur les Vezo d' Anakao. Pour se changer les idées, on est allé voir un cinéma en plein air sur la plage... au bord du lac de Malsaucy. Histoire de retrouver un cadre idyllique, ce qui était le cas, de nuit, au clair de la lune. A ce détail près qu'en mi-juillet à 22h30, nous étions frigorifiés, pourtant déjà emmitouflés dans nos polaires...
Au clair de la lune
Du côté de Toliara, je peux compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où j'ai dû mettre un pull léger en hiver austral. Mais pour ceux habitués aux 30°C à 35°C le reste de l'année, lorsque la température chute à 19°C-20°C, ils dorment avec de grosses couvertures d'un côté, tandis qu'il m'est arrivé de mettre le ventilateur de l'autre.
Aussi se poser sur la plage en pleine nuit n'était pas aussi crispant. Au contraire, ça reste même un de mes moments préférés. Enfin, pas à Toliara même, mais que ce soit plus au Nord à partir de Madiorano, ou plus au Sud du côté de Saint-Augustin.
Qu'on soit en famille ou entre amis, j'aime m'isoler sur la plage, de préférence par lune montante ou pleine, au son des clapotis. Je ne saurais pas vraiment dire à quoi je peux bien penser à ce moment précis, mais c'est une sorte de retrouvaille avec moi-même. Il est aussi agréable de faire le vide et rester des heures ainsi. A tel point que j'en perds toute notion de temps. J'ai bien raté quelques dîners pour cette raison, mais mon entourage sait qu'il n'est pas nécessaire de m'attendre, je suis suffisamment loin pour ne pas entendre lorsqu'on m'appelle.
A Andrevo, nous privilégions ce moment pour la pause digestive du soir, entre amis. Si au début, tout le monde discute gaiement, le décor finit par s'imposer et au fur et à mesure que la lune monte, on finit par se taire. Qu'il est bon ce silence collectif... Deux heures après, quelqu'un le brise d'une fois rauque, et de nous mettre à raconter des blagues, les aventures et anecdotes les plus originales qui nous soient arrivées, la honte de dans notre vie, etc... Parfois, certains s'écartent un peu du groupe, ces moments sont propices aux confidences entre amis. C'est particulier comme le cadre nocturne délie les langues, que l'on discute boulot, avenir, des relations de couple et du reste. Que l'on soit dans le Sud-Ouest de Madagascar ou d'ailleurs...
Par lune descendante, on apprécie davantage le ballet de lampions des pêcheurs nocturnes sur l'eau. Tant de fois j'aurais aimé monter à bord de l'une de leur pirogue, mais impossible de convaincre quelqu'un d'autre à me suivre. Y aller seule ne me semblait pas indiquer...
Je ne connais donc la pêche nocture à la palangrotte qu'en théorie, je devine de loin la pose et dépose des nasses tandis qu'elles sont éclairées pour mieux attirer les crustacés et les poissons, tandis que d'autres profitent de la marée nocture pour collecter des holothuries (concombres de mer) et les bivalves. Mais bizarrement, j'ai toujours raté le retour de ces pêcheurs Vezo, à 3h du matin généralement, heure où je dois être plongée dans mes rêves.
Au vert à Ambohimavelona
Ambohimavelona se trouve sur la route des 7 lacs aux environs de Toliara.
La première fois qu'on m'y amenée, je pensais à un mirage. Un coin de biodiversité surprenante, j'aurais difficilement imaginé un décor de verdure et de rizières au milieu du bush sec voire aride autour de Toliara. Dans cette vallée, la terre y est fertile, des paysans sont affairés dans leur champs, les zébus sont à l'oeuvre, on aurait dit Ampefy, à ce détail près qu'à Ambohimavelona, les rizières sont bordées de cocotiers, avec des bananeraies non loin. Tout simplement magnifique!
Cette zone agricole très productive approvisionne la ville de Toliara en produits maraîchers et vivriers.
Lorsque j'étais dans cette partie de la Grande Ile, nous y allions certains dimanches, pour un déjeûner champêtre ou chez les soeurs (qui nous invitaient à chaque fois qu'on se retrouvait nez à nez avec elles) avant de piquer une tête dans un torrent ou dans une source.
Une pensée pour Oscar
Je garde des milliers de souvenirs du Sud de Madagascar, et les futurs souvenirs sont programmés. Mais de ces fois où j'ai avalé de la poussière, marché dans les mangroves, étudié le récif corallien dans ses moindres détails, déterminé mon coin préféré dans mon pays, au gré de la touche pause sur les souvenirs, je garde celui d' Oscar. C'est ainsi qu'on avait baptisé un énorme mérou, occupant permanent de la Grotte de Sarodrano.
Cette Grotte est un de mes autres coins de prédilection, où des résurgences d'eau douce et eau de mer se mêlent pour décliner une palette de couleurs turquoises uniques. Cet endroit est dit fady, pour y nager en paix quand bon nous semblait, nous avons demandé l'autorisation aurpès du village, mais combien de fois avons-nous vu des touristes débarquer le temps d'un après-midi sans précaution aucune. Et aux dernières nouvelles, le fady est devenu commercial, puisque l'accès à la grotte est devenue payante. Ce que je peux comprendre, afin de préserver ce cadre si original et unique, c'est davantage le côté aménagement qui me laisse dubitative. Je suis contre le fait d'adapter un cadre pour l'homme, donc contre ces hôtels qui justifient leur implantation pour permettre à leurs clients de profiter de la nature. Une nature qui n'a plus rien à voir avec celle originelle, puisque de toute manière là où l'homme passe, tout trépasse...
Pour revenir à Oscar, la grotte présentait vraisemblablement un milieu suffisamment propice pour qu'il puisse y grandir jusqu'au point de ne plus pouvoir en ressortir. A moins qu'il n'ait été introduit sciemment...
En effet, il y a quelques mois, un lecteur de ce blog m'a écrit pour confirmer y avoir vu un énorme mérou lors de ses récentes vacances à Madagascar. Mais ce n'est pas Oscar, puisqu'on l'a malheureusement retrouvé mort un jour, pour une raison inconnue. Nous étions venus nager la veille, Oscar était bien portant, en revenant le lendemain à 9h du matin, sa carcasse avait été lâchement jetée en contrebas de la grotte... L'odeur était déjà insoutenable, mais il avait fallu faire le ménage.
Depuis, il a donc été remplacé, mais le biotope naturel d'un mérou n'est pas celui avec de l'eau douce, aussi je me demande si sa présence dans cette grotte n'a pas une signification précise.
Je penserai à le demander aux villageois de Sarodrano à l'occasion... Cela me fera un prétexte de plus. :)