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L'odyssée de Tattum
3 mars 2008

Nage, cours, vole et reviens

Après "dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es" et "dis-moi ce que tu manges et je ne suis pas certaine de dire qui tu es", voici "dis-moi quel sport tu pratiques et ce que ça t'apporte".

Mon père disait souvent que les compétitions sportives forgent la personnalité. Hormis un tournoi de ping-pong où j'ai gagné la coupe avec beaucoup de hasard et d'opportunités, le seul sport de compétition qui m'aurait botté était l'aïkido. Mais les deux seuls clubs que je connaissais alors à Antananarivo ne m'intéressaient vraiment pas.
Jusqu'à découvrir que son meilleur allié c'est soi, et son meilleur adversaire, c'est soi aussi. Jusqu'à découvrir la plongée sous-marine en fait. Car nul n'ignore depuis le début l'objet de ma passion qu'est cette pratique et l'élément dans lequel on y évolue.

poisson_vanille_fraiseLa plongée sous-marine
La plongée procure des sensations que ne peuvent connaître ceux qui ne l'ont jamais pratiquée. Le snorkeling n'en est qu'un pâle aperçu. Si j' aimais à me relire, alors ce serait encore une fois ce que procure la plongée. Même après avoir parcouru des écosystèmes terrestres les plus divers, rien ne vaut de baigner dans le monde sous-marin. mandarinLes sens réagissent autrement, les codes sont différents, la biodiversité encore plus étonnante et encore plus originale. On aurait dit que Dieu a esquissé les espèces terrestres au fusain, et qu'il s'est mis à peindre les biocénoses du grand bleu. C'est ce que je me dis à chaque fois que je vois un Pseudochromis paccagnellae (poisson Vanille-fraise) ou un
Synchiropus splendidus (poisson mandarin, un des plus remarquables en matière de coloration).
Et plus encore.

J'aime la plongée pour les sensations uniques de liberté qu'elle procure, pour un monde qui se découvre au mérite et parce qu'à mon avis il s'agit de l'une des pratiques qui enseigne la plus grande humilité face à la nature. On pourra inventer tous les mélanges et techniques possibles pour rester plus longtemps immergés, la nature nous rappelle que nous en sommes qu'un élément qui s'y adapte et non qui s'y impose, où nous mesurons nos propres limites. C'est très bien ainsi. Cela permet de profiter de son dernier palier de décompression à -3m, où la vie en couleurs explose, les rencontres parfois étonnantes avec une espèce plus curieuse que d'autres, de profiter de la magie de la lumière avec ces perspectives de diffraction et réfraction multiples et variées, profiter de ce silence qui n'en est pas un, après avoir surmonté parfois ses propres peurs, et maîtriser sa frénésie. Etre son propre allié et son propre ennemi, cultiver son self-maîtrise, prévoir sans être prévisible.

La randonnée en moyenne montagne
IMG_4288A l'opposé, j'ai découvert il y a à peine quelques années la randonnée en moyenne montagne. Je vois dans cette pratique une métaphore de la vie... Déjà selon notre équipement et moyens, nous ne sommes pas égaux face à ce qui pourrait advenir. Initiée par Tonnum qui pratique depuis l'âge de 7ans, j'ai investi dans de bonnes chaussures en Gore-Tex, et ai pris les bons réflexes tels que s'équiper de vêtements imperméables et chauds même si l'on part sous un 24°C fort ensoleillé; apporter un second tee-shirt, des fruits secs, manger des féculents et sucres lents au déjeûner; boire, ni trop ni pas assez; les règles de civisme. La montagne se vit, mais ne se laisse pas maîtrisée.
Aussi, bien qu'à l'abri d'aucune ironie du sort, la probabilité que je me foule la cheville doit être moindre que ceux qui marchent dans la rocaille avec leur tennis de ville, ces inconscients.
Le premier jour, essai en douce, un petit tour de 45 min pour admirer une cascade. Puis l'entrée en la matière à partir du second jour. Effectuer un dénivelé de quelques +1000m en 4h ou 5h... Au début, on a la pêche. Très vite, son corps prend malin plaisir à cracher tous les excès qu'on lui a fait subir. A ce moment là, on se dit, je ne fumerai plus, je ne boirai plus, je ne... Puis les premières pauses pour quelques fruits secs salvateurs. On sent son corps puiser dans ses ressources. Mais on est motivé de voir le paysage évoluer et s'embellir en prenant de l'altitude. D'autant qu' au fur et à mesure que l'on monte, on rencontre de moins en moins de monde. C'est simple, le soir, le village grouille de monde, dès 500m de dénivellé, cela réduit d'un facteur 100, au moins. Puis on commence à exiger beaucoup de son corps, voire jusqu'à tester ses limites. On est à la traîne, le coeur s'emballe par moment, la température augmente, chaque pas peut devenir un supplice, où l'on peut arriver à se dire "putain,je vais crever", mais on les enchaîne tout de même, de plus en plus lentement, mais sûrement. Car d'autres sont devant, et s'ils y arrivent, on peut aussi.
0064h d' efforts intenses plus tard, au bout de ses forces, en sueur, on pose son sac à dos au bord d'un torrent de montagne. La vue est magnifique, imprenable, enivrante devant la beauté de cette nature, telle que l'on ne l'aurait jamais imaginée d'en bas, avec une folle envie de crier à plein poumons "Ayé!"! On change de tee-shirt, on attend que la température corporelle baisse un peu, puis on trempe ses pieds dans cette eau pure et fraîche. La récompense...
L'on est surpris de constater combien le corps récupère vite, très vite, malgré l'impression d'avoir atteint ses limites peu de temps auparavant... Après déjeûner, une petite sieste sur une pierre plate au bord de l'eau, puis on continue encore 1h ou 2h, avant de redescendre en 2 à 3 fois moins de temps. Cette moindre durée peut parfois être frustrante, mais on redescend pour apprécier un site tout aussi beau et original le lendemain.
La randonnée permet de profiter de la nature en testant son sens de l'effort et d'endurance, où l'on est son propre allié pour peu qu'on en veuille et son propre ennemi si on n'y croit pas ou abandonne.

Le golf
IMG_4550Pour répondre aux vannes de ceux qui se reconnaîtront, non je ne m'embourgeoise pas, et confirme ne pas avoir l'âge de rouler en Mercedes classe S ni de jouer au golf. ;)
Et oui, je détestais ce sport auparavant pour l'image snob et m'as-tu-vu-iste que je voyais en ceux qui la pratiquaient. Jusqu'à ce que Tonnum, aussi allergique que moi des frimeurs et autres brasseurs d'air, soit invité à en faire et rentre un jour en s'exclamant "je veux jouer au golf, j'adore!"
Ayant la chance d'avoir un club ouvert non loin et proposant une formule 'Tous au golf" bien plus accessible que les clubs semi-fermés, j'ai donc découvert. Et d'appréhender la philosophie de ce sport, ainsi que d'apprécier ce qu'il apporte.
Dans ce forfait, on bénéficie de 80 balles pour le practice, afin d'apprendre puis de perfectionner ses mouvements, ainsi que du parcours-école à 3 trous. On y rencontre de tout. Du fils à papa complètement immature, limite idiot mais bien sapé, qui se la pète en voulant en mettre plein la vue, qui te mate du coin de l'oeil jusqu'où va ta balle et qui se dépêche de vouloir taper plus loin, mais tout juste apprenant, sans style et vraiment pas à l'abri des airshots; aux seniors, posés, qui pratiquent de longue date et qu'on aime à regarder pour apprendre ou pour juste apprécier la grâce d'un beau swing.
Après avoir justement essuyé des dizaines de swings foireux, on vient à en faire quelques-uns plus ou moins réussis. La différence surprend, à peine un son au moment où la balle décolle, et nul besoin de taper fort pour obtenir une belle et longue trajectoire. Tout est dans la maîtrise et le perfectionnement, pas besoin de brasser beaucoup d'air, et la force n'a de sens qu'une fois le geste maîtrisé. Sur le parcours à 3 trous, l'objectif est de faire les 3 trous en un minimum de coups. Frapper juste, et savoir doser à point. Facile à dire, beaucoup moins à appliquer, en débutant...
Le golf demande beaucoup de concentration tout en ayant l'air détendu, même lorsque ça paraît gagné d'avance. Et l'on attrape vite le virus de vouloir s'améliorer en continu car son premier adversaire, c'est soi.

Ca tombe bien, au printemps, je me mets à la voile. C'est décidé.

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Commentaires
V
trop cool !!<br /> <br /> :)
T
Mitàh> contente de te revoir par ici. :) Moi non plus je ne rate pas vos newsletters.<br /> Ca va, tu me rassures, je lâche aussi des "putain" lors de l'ascension, à ruminer des remords!<br /> De ce que tu as cité, je ne connais pas encore Nosy Mangabe ni Fort-Dauphin non plus. Le premier, j'avais prévu d'y aller en 2006 mais manque de temps. Mais j'irai un de ces 4, crapahuter dans un premier temps, et me fondre dans la réserve marine ensuite. C'est une destination qui se mérite aussi, mais on les apprécie encore plus ainsi..<br /> <br /> Ricou> vais-je avoir le temps pour ma part? avant qu'il ne soit trop tard comme tu dis... :(
R
Oui, oui! Va vite à Fort Dauphin avant que Rio Tinto n'ait tout rasé! La vue sur la baie depuis les hauteurs derrière Evatra est à couper le souffle.
M
salut tattum ! tjrs en retard comme d'hab, je te flatterais si je te dis que je te lis + souvent et avec + de passion que la bible, mais c vrai je te suis, seulement comme ma connexion est quelque peu boudeuse g du mal à répondre + souvent comme je le voudrais !!!<br /> <br /> j'adore la randonnée, et dans notre cher (foutu) pays c pas ce qui manque les paysages sont tellement .... les mots me manquent, ce que ce genre d esport t'apprends c que tout se mérite, un paysage lunaire, l'impression d'être seul au monde et paradoxalement d'être le roi de l'univers (sans serviteur) ! je me rappelle, ma première ascension la Montagne des Français, pénibles, haletants, le chemin d ecrois, je me disais "putain estc-e que ça vaut le coup" j'aurai pas dû fumer ! "en quoi est-ce intéressant finalement ???" arrivée au sommet, j'ai fait une révérence devant autant de majesté........<br /> je n'ai pas beaucoup voyagé......Europe, u npeu l'Afrique, mais jamais dans aucun autre pays je ne suis restée sans voix que devant l'Horombe, l'Isalo, l'Ankarana et ses grottes ou Tampolo, Nosy Mangabe....<br /> <br /> Conseil aux petits marcheurs, vous pouvez commencer par la colline de Manambato !<br /> <br /> je ne connais pas encore la région de Fort-dauphin mais je sens que ça ne saurait tarder!<br /> <br /> bises
T
Ricou> c'est vrai, j'ai eu écho d'accros du golf en effet! C'est le piège de trop vouloir se perfectionner :)<br /> Sport et bouffe même combat :D, non c'était surtout un aparté. Fa tsy atakalo kosa ny mofo gasy ko!<br /> <br /> Lilia> hello m'me! Hmmm.. je dirai que chacun investit dans ce qui lui convient, certains dans le matérialisme qui s'expose, d'autres dans ces moments qui se vivent, avec pour seule preuve au mieux, les photos. Je fais partie des seconds. :)<br /> Mais en fouinant un peu, je t'assure qu'il y a moyen de les pratiquer sans se ruiner.
L'odyssée de Tattum
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