Entre quatre murs
Le 28 septembre prochain, débute la 7è édition du Salon de l’Habitat au Palais des Sports à Antananarivo.
Cette manifestation regroupe les acteurs du bâtiment, de l’habitat donc, de l’immobilier et de la décoration, avec son lot de public et de clients potentiels.
La nécessité de se loger est avérée à peu près partout en ce bas monde, l’engouement pour devenir propriétaire toujours croissant au fur et à mesure que les prix flambent, c’est finalement la notion de logement/prix qui change…
Dans les journaux, magazines et internet (comme sur le site de Sobika dont j'aime bien le relookage d'ailleurs), les offres immobilières, notamment du neuf, de l’appartement à la villa, se développent à Madagascar. Inutile de préciser pour un public limité, la situation économique tendant au code le plus simple qui existe. Le code binaire, et sans oser pousser jusqu’à l’ironie, avec pour correspondance 0 pour les pauvres, et 1 pour les riches, constatant, comme dans de nombreuses sociétés, une disparition progressive mais certaine de la classe moyenne, avec bien entendu une tendance à la pesanteur, vers le bas 0.
En attendant, le marché semble ne pas manquer pour autant de demandes, à en croire un copain qui s’est promu en promoteur immobilier, construisant de petites villas livrées clés en mains, vendues sur plan dans la région d’Antsirabe.
Aussi dans ce contexte morose qui n’en voit décidément pas le bout, je n’ai pas été étonnée de voir se développer à Madagascar, la construction de logements sociaux. Plusieurs programmes ont été propulsés grâce à ce fer de lance depuis fin 2005, dont le plus « social » d’entre eux : Trano Gasy Vaovao ou T G V (Nouvelle Maison Malgache). On ne dit pas M&M?
T G V est un programme économique malagasy dont l’objectif est notamment de favoriser l’accession à la propriété du plus grand nombre. Il propose des habitations de 50 à 69 m2 sur la base de Ar 200 000 (80€ le m2) au sein d’un lotissement, toutefois réservées à des fonctionnaires, les terrains étant domaniaux. Les demandes ont à priori afflué par milliers, bien que le prix représente encore un montant énorme pour bon nombre de Malgaches.
L’accès au crédit y reste très limité, déjà pour des entrepreneurs avec des projets en mains, qui plus est pour des particuliers modestes. Les taux demeurent élevés, compte tenu de plusieurs facteurs tels que le taux directeur de la banque centrale (16%), le taux d’inflation (supérieur à 25% en 2005), ou encore l’absence de garanties.
Madagascar demeure un pays où tout, du moins beaucoup, reste à construire. On espère avec un cahier de charges d’urbanisation et culturel élaboré et mis en œuvre.
En étant fraîchement installée dans une nouvelle région culturellement et traditionnellement riche, j’ai en effet constaté l’attrait touristique et le cachet unique pour une ville et des lieux identitaires. Ce qui attire, ce qui donne envie de découvrir, ce n’est pas tant les constructions modernes tout pimpants que l’on retrouve partout et dont on devient presque blasé, mais bel et bien une richesse identitaire que l’on retrouve dans une architecture ayant une histoire, un art de vivre ainsi qu’une gastronomie propre à la région, et tout un tas de détails culturels qui permettent finalement d’identifier et d’étiqueter une destination touristique. Sans étiquette, on tombe dans le domaine du commun, de ce qui ne se démarque pas. La mise en exergue ne nécessite pas pour autant un piédestal (à éviter d’ailleurs) ou un vulgaire plagiat de ce qui se passe ailleurs, mais tout simplement, une identité propre et définie.
Pour en revenir à nos quatre murs, Madagascar dispose de ressources et de matières premières pouvant entrer dans l’élaboration de matériaux de construction sur place, alors que la plupart sont aujourd’hui importés. Parmi cela, la transformation de latérite en BTS pour briques en terre stabilisées, un matériau en devenir dans la Grande Ile. Obtenues par compression hydraulique d’un mélange de latérite, d’eau et de ciment, elles sont fiables, esthétiques, faciles et rapides à utiliser. Non négligeable, elles peuvent abaisser le coût de la construction jusqu’à 30% (et une économie certaine de ciment). Par ailleurs, elles présentent des qualités thermiques, acoustiques, antisismiques et non la moindre : écologiques. En effet, l’absence de cuisson au bois permet un pan de sursis à la forêt, tandis que l’argile des rizières laisse place à la latérite, en quantité en veux-tu en voilà.
Il y a fort à parier que ce matériau est appelé à se développer dans tout le pays. Il ne manquerait plus qu’il chauffe, et remplace le charbon de bois, alors là, on sera sauvé !