De Ranohira à Fianarantsoa
La plupart du temps, j'ai parcouru la RN7 reliant Antananarivo à Toliara d'un seul trait, durant un voyage long et éprouvant d'une douzaine d'heures en moyenne pour un trajet de quelques 900km. Aussi, j'appréciais particulièrement les fois où l'on faisait des étapes afin de mieux profiter de la richesse des paysages et culturelle de cette partie de l'île.
Lorsqu'on adhère à l'esprit moramora du pays, soit lorsqu'on a le temps devant soi, ce circuit est conseillé pour juger de l'étendue de l'île ainsi que pour apprécier sa diversité. Parfois, on a presque le sentiment de traverser plusieurs pays! Il est d'ailleurs largement proposé par les tours opérateurs.
On quitte le massif de l'Isalo
Ranohira-Ihosy: 90km
Nous faisons connaissance avec le couple d'autostoppeurs que nous avons pris à Ranohira. Ils travaillent tous deux dans le cinéma, davantage derrière la caméra que devant, à Paris. On a plus de chance de rencontrer les stars de ciné à Nosy-Be dans un cadre moins "roots" (objet d'un autre post). Comme la pub des gagnants au loto, ils choisissent tous les ans leur destination de voyage en pointant sur un globe les yeux fermés. Cette comparaison les gêne un peu d'ailleurs. Mais le concept est très sympa, et eux également.
Nous laissons derrière nous le massif de l'Isalo et quittons la route asphaltée pour un réseau de pistes long de 41 km. Nous voici au niveau du massif de l'Horombe, l'ex-cauchemar de nombreux chauffeurs! Tout d'un coup au milieu de nulle part, la steppe devient notre seul horizon en s'étendant à perte de vue. Par-ci par-là, se dressent d'énormes termitières et plus rarement de-ci de-là, des troupeaux de zébus suivent
leur chemin, guidés par l'herbe rase qu'ils paissent méthodiquement. Des portions de pistes, où l'on se déplace comme sur de la tôle ondulée ponctuée d'innombrables nids de poule, s'entrelacent; le but est de bien sûr traverser le plateau à travers ce noeud de pistes, mais de nombreux chauffeurs ont connu la désagréable expérience de tourner en rond au milieu de ce no man's land, qui pouvait durer des heures. Cette portion a été récemment entièrement bitumée, à la grande joie de tous.
Arrivée à Ihosy. Ancien relais postal, Ihosy est une bourgade à la croisée des chemins, le point de bifurcation pour l'Ouest vers Tuléar donc, menant vers l'Est à Farafangana et vers le Sud pour Ambovombe et Fort Dauphin. Pause déjeûner.
Ihosy-Ambalavao: 150km
Défilent les paysages, tantôt particulièrement beaux déclinés dans un panel d'ocres, tantôt mélancoliques aux reliefs morcelés et tourmentés des montagnes rocailleuses. Au fur et à mesure, les étendues arides parsemées de gros rochers laissent place à la verdure et aux rizières.
Au Sud-Est d'Ankaramena se trouve le parc national de l'Andringitra où le pic Boby culmine à 2658m.
Nous passons la porte du Sud ou Vavahadin'ny Tatsimo qui constitue la frontière entre
les Hauts Plateaux et les steppes du plateau de l'Horombe. Quittant le pays des Bara pour celui des Betsileo, nous arrivons à Ambalavao, qui mérite bien une petite visite.
Autour du marché s'alignent des maisons à varangues, style initié sur les Hautes Terres par l'Anglais James Cameron à partir de 1865. Ambalavao est connu pour:
- sa fabrication artisanale de papier antaimora très réputée dans le pays que l'on peut visiter
- ses marchés d'artisanat et produits divers ainsi que le deuxième marché aux zébus de Madagascar, après celui de Tsiroanomandidy
- ses sites historiques
- son vignoble, qui fait l'originalité de la région. Visites possibles de caves.
Ambalavao - Fianarantsoa: 55km
Le décor de Far-West est devenu un paysage lunaire de pitons rocheux.
Lorsque la nuit tombe, l'horizon devient brumeux, dont les seuls lueurs sont celles des feux de brousse.
Arrivée à Fianarantsoa. Il est décidé que nous allons rester ici pour la nuit. Le couple français poursuit son aventure de son côté, ils partiront pour Ranomafana le lendemain.
Fianarantsoa "la ville où s'apprend le bien",
140 000 habitants, est une ancienne cité royale fondée en 1830.
Telle une réplique d'Antananarivo la capitale,
Fianarantsoa est présentée comme une ville de transition à caractère culturel et religieux. En effet, de nombreuses églises sont plantées sur les collines
avoisinantes.
La ville est bâtie sur trois niveaux. La ville haute où ses vieux quartiers grimpent à l'assaut des collines, la ville nouvelle où se déploie la cité moderne et commerciale, et le quartier de la gare qui s’étend le long de la voie
ferrée et au nord. Curieusement, c'est une ville qui ne m'a jamais attirée. Je n'y suis jamais restée plus d'une journée au plus, j'ai l'impression d'en faire très vite le tour. Toutefois, la vue sur la colline dans la ville haute offre une superbe perspective sur l'ensemble et les rizières en terrasse environnantes. C'est également le fief du célèbre photographe Pierrot Men, que vous pouvez rencontrer dans son labo avec un peu de chance!
Nous sommes invités à nous ressourcer pour la nuit chez des amis de Roger, le chauffeur-guide qui nous a beaucoup appris durant cette journée de voyage. La magie de l'hospitalité malgache prend tout son sens: on atterrit chez des inconnus très aimables, qui vous accueillent comme si on se connaissait de longue date!