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L'odyssée de Tattum
21 juillet 2007

Quelles stratégies pour les ressources malagasy?

Post débuté il y a fort longtemps, il s'inscrit dans le développement de mon commentaire sur le post de Tomavana à propos du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO des forêts tropicales de la côte Est de Madagascar, rejoignant ainsi les Tsingy de Bemaraha et le Rova de Manjakamiadana (lire mon post à ce sujet).

Patrimoine mondial de l'Unesco
logowhcCe classement représente bien entendu une gratification, une reconnaissance du caractère exceptionnel du patrimoine naturel, à l'échelle finalement davantage scientifique, que ceux qui sont encore au stade de la nécessité de survie ne peuvent mesurer.
Dans un autre contexte, telles des villes naturellement riches portant également le titre honorifique, comme la capitale du vin bordelais Saint-Emilion, ou tout fraîchement Bordeaux elle-même, être classé compte dans la balance afin d'augmenter d'environ 30% la fréquentation touristique (et les prix immobiliers!), surtout internationale et engranger ainsi un cercle économique vertueux.
Mais je reste profondément dubitative en ce qui concerne les forêts malagasy, marquée par les expériences sur terrain avec le WWF. En effet, je ne suis pas convaincue que les retombées de ce titre apportent réellement, et je précise à court terme, aux habitants concernés, qu'il s'agisse de ressources ou d'alternatives aux causes de la déforestation.
Malgré que la mission de l'UNESCO en faveur du patrimoine mondial consiste entre autre à:

  • aider les Etats parties à sauvegarder les sites du patrimoine mondial en leur fournissant une assistance technique et une formation professionnelle;
  • fournir une assistance d'urgence aux sites du patrimoine mondial en cas de danger immédiat;
  • appuyer les activités menées par les Etats parties pour sensibiliser le public à la préservation du patrimoine mondial;
  • encourager la participation des populations locales à la préservation de leur patrimoine culturel et naturel;

Source: Centre du Patrimoine mondial

Retour d'expériences
Logo_natura2000_bigIl existe un autre type classement que je trouve davantage proche des réalités du terrain et des écosystèmes dont nous faisons partie et dont on pourrait s'inspirer: le réseau écologique européen Natura 2000.

Natura 2000 est né de la volonté de maintenir la biodiversité du continent européen tout en tenant compte des activités sociales, économiques, culturelles et régionales présentes sur les sites désignés. Aujourd’hui, fort de 25000 sites, le réseau Natura 2000 participe activement à la préservations des habitats naturels et des espèces sur l’ensemble du territoire de l’Union Européenne.

Il a pour double objectif de préserver la diversité biologique et de valoriser les territoires, avec cette notion primordiale de conjuguer la protection de l'environnement et les activités anthropiques.  Rendre à la préservation de l'environnement son enjeu sans une politique uniquement faite de privations et d'interdits.

>> Lire la vie d'un site Natura 2000

J'ai eu l'occasion de bien connaître ce réseau en participant au classement de l'Estuaire de la Gironde, près de Bordeaux.
Il s'agit d'un parfait exemple. En effet, il est le plus grand estuaire d'Europe, mais je vous passe les détails qui font d'un estuaire un écosystème complexe et primordial, qui malgré la turbidité de l'eau, renferme un grand nombre d'espèces dont l'esturgeon  pour... le caviar! Ses rives détiennent un patrimoine important, tant culturel qu'en ressources.
Il compte également plusieurs pôles économiques et pas des moindres, dont le Port Autonome de Bordeaux et d'autres plus petits, des industries d'exploitations minières, ou encore la production électrique avec une centrale nucléaire. Et je n'oublie pas les habitants vivant de la pêche.

Maintenant, il faut conjuguer avec tous ces éléments et arriver à répondre aux objectifs d'un site Natura 2000.
Pour faire concis, après une première approche ratée pour manque de concertation entre les concernés d'où un retard de la France par rapport aux pays nordiques, la mission a été confiée à un bureau d'études en environnement indépendant, suite à un appel d'offres. Et j'insiste sur le côté indépendant.
Le travail est complet, entre:

  • une documentation bibliographique essentiellement scientifique issue de rapports d'étudiants en DESS ou doctorat
  • des rapports d'impacts fournis par les industries concernées (bon là, sans commentaire, il faut garder un esprit d'analyse, car avant que je gobe que les rejets d'eau chaude d'une centrale nucléaire ont un soupçon d'effet bénéfique sur les espèces, ma foi...)
  • une concertation avec les différents acteurs économiques
  • un travail de vérification et d'observation sur terrain
  • des échanges avec les collectivités et autres professionnels vivant des ressources
  • etc...

De la synthèse de tout cela découle un rapport  proposant les contours et objectifs du site à proposer, nécessaires au Document d'Objectifs, en ayant intégré tous les enjeux.

En somme
Je n'ai pas entretenu de veille particulière, aussi j'ignore les critères de classement d'un site  au patrimoine mondial de l'Unesco pour ses ressources naturelles. Mais avec cette ignorance faisant, le principe du Réseau Natura 2000 me semble davantage pragmatique.
La solution n'est pas enfermée dans une segmentation close et hermétique, repousser les habitants aux limites du périmètre ne résoud pas leurs besoins.

sageJ'avais découvert le site de l'association SAGE Fampandrosoana Maharitra (Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement - Développement durable) "qui contribue d'une manière active au développement local axé sur la gestion des ressources naturelles", participant aux activités nationales du Plan d'Action Environnementale malagasy. Leurs activités, présentation et ressources sont à découvrir sur leur site.

Si au travers de votre profession ou expériences vous connaissez d'autres modèles sur lesquels s'inspirer pour une gestion durable des ressources naturelles malagasy, pour les Malagasy avant les lémuriens, vos avis sont les bienvenus.

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Commentaires
T
Tomavana> j'ai dû en changer 3 fois la structure avant de le publier, mais voilà enfin. :)<br /> <br /> Ah ça me dirait bien de lire un rapport ou une synthèse de ton spécialiste. Car il ne faut pas non plus cracher sur le travail de l'ANGAP (http://www.parcs-madagascar.com/angap.htm ), du WWF, de la Conservation International, etc..<br /> Je connaissais le terrain alors qu'on avait encore l'ex-président, et je peux te dire que les éléments de développement potentiel et utile étaient sabrés au nom du profit à la Tantely . :(<br /> <br /> Ravalomanana parlait d'étendre et multiplier les zones protégées. J'ai vu un reportage très intéressant à ce sujet, qui montrait toute la difficulté de comprendre les habitants et de communiquer sur la nécessité de la préservation de l'environnement. Sans les médiateurs, c'est "voilà c'est protégé, dehors vos zébus, et vos cultures, faites avec". En gros, ça donnait ça.<br /> Le site de SAGE est à découvrir car son approche diffère de la méthode de répression et d'occlusion.
T
Ton post est très intéressant, j'ai dans mes brouillons un post sur la gestion des « reniala » [forêt vierge] à Mada. Un spécialiste du développement basé à Genève a souligné les risques que représente la sous-traitance de la gestion des aires protégées à Mada. Il a suggéré que malgré son manque de moyen l'état ne devrait pas « démissionner » de ses responsabilités.
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