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L'odyssée de Tattum
12 novembre 2006

L'île rouge brûle

Cela fait longtemps que je voulais aborder le sujet de la déforestation à Madagascar ainsi que les feux de brousse qui en sont une des principales causes avec le charbon de bois. Le sujet s'active encore plus après avoir lu un des articles qui m'aient le plus marquée cette semaine:

madagascar_amo_2006310
Source: Earth Observatory - NASA
Cliquer pour agrandir la photo, c'est édifiant!

Tel expliqué sur le site de la NASA, cette photo a été prise le 06 novembre dernier par le spectroradiomètre MODIS du satellite Aqua.

Oui, les points rouges correspondent bien à des doron-tanety, feux de brousse parfois d'une étendue plus qu'inquiétante si l'on considère l'échelle de 1/100km. On note bien entendu et hélas une forte densité autour et dans la dernière frange de forêt primaire que compte Madagascar, soit le long de la côte Est. Une chose qui m'a frappée: le reste de l'île n'en reste pas moins épargnée, notamment dans des zones de végétation déjà rase. L'île rouge brûle, se consume!

Mais quel glas allons-nous encore attendre d'entendre? Que dénonce cette photo? L'inconscience des Malgaches qui, décidément, ne trouvent pas d'autres moyens que de détruire pour des cultures sur brûlis sa ressource verte, sa réserve d'oxygène, l'eden de sa faune et flore, ou encore le sanctuaire de ses symboles? Beaucoup le pensent, en sont convaincus, mais n'ont pas tout à fait tort, ni tout à fait raison.

Prenez ceci comme un témoignage, ça a fait partie de mes expériences initiatives.
L'occasion m' a été donné de collaborer quelques semaines avec l'agence de WWF basée à Sakaraha (proche de Toliara), gérant le Parc National de Zombitse-Vohibasia non loin, avec notamment mes deux colocs de l'époque partageant les mêmes intérêts que moi. Nous n'étions pas là pour un thème ou une matière qui d'entrée aurait pu être l'écologie ou l'environnement mais c'était: les sciences humaines.
Au programme: camping dans la propriété de WWF avec pour seule source d'eau un puits avec lequel il fallait faire très attention car des cas de bilharziose ont été détectés dans le village, présentation avec tous les acteurs du projet environnemental initié par WWF pour la gestion et la protection de ce parc national situé non loin des mines à saphir et son lot d'engoués frénétiques, respectueuses salutations du chef du village, observations sur terrain des infractions commises dans le parc, et dialogue avec les-dits contrevenants lorsque c'était possible.

Ainsi, le directeur de l'agence WWF nous a fait découvrir le parc, enfin une partie car il demeure étendu, couvrant une surface de 36 000 Ha.
Puis très vite, nous avons repéré des parties illégalement défrichées dans cet ilôt de verdure dans une région semi-aride considérée comme l'une des plus pauvres de Madagascar. En effet, par définition, un Parc National est un lieu protégé où toute exploitation doit être interdite. Dans la théorie, sur le terrain, d'autres règles priment. Ainsi, y avons-nous vu des  mini-champs de culture, de maïs notamment. Que faire? Les détruire? Les agriculteurs faucheurs recommenceront ailleurs, et ça fera encore plus de forêt menacée. Ils brûlent la forêt, la terre est prête pour être cultivée sans avoir besoin d'être travaillée, et une fois la récolte finie, la terre appauvrie, on recommence l'opération un peu plus loin.

Il faut savoir que dans l'histoire, le gouvernement a paraît-il proposé des centaines d'hectares gracieusement mis à disposition  des villageois désirant cultiver, situés en face du parc, seule la route nationale 7 les sépare. Oui, mais de l'autre côté de la route, c'est le décor typique du sud-ouest de l'île: sec, semi-aride.
Aussi, la méthode est-elle aux réprimandes, aux arrestations des villageois pris en flagrant, qui selon, doivent s'acquitter d'une amende, voire croupir 2 à 3 mois en prison. Mais une fois le dos tourné, ils recommenceront, encore et encore.
C'est là où la notion de sciences humaines prend toute sa définition... Bon, si la sanction n'apporte pas les fruits escomptés, essayons le dialogue. Encore un, récidiviste, qui s'est fait prendre en train d'allumer un feu. Pas de menottes aux poings, juste encadré, et nous essayons d'entamer la conversation, chercher à comprendre pourquoi il a enfreint la loi une fois de plus.
Un homme, d'une trentaine d'années, vous répond furieux qu'il n'a d'autre choix pour nourrir sa famille, nourrir sa famille, en frappant du poing "ne pas crever de faim", "ne pas crever de faim", "ne pas crever de faim", "oui, ne pas crever de faim, encore et encore", et que pour cela, il n'en a rien à faire de la terre proposée par l'état qui est aussi sèche que la paume de sa main sans auncun outil pour la labourer ni aucun moyen pour l'enrichir, et que pour manger, il doit cultiver le peu qu'il peut, où il peut. Mais malgré cela, sa famille n'en voit pas le bout.

Je ne sais pas vous, mais personnellement, je suis restée sans voix, et j'ai ravalé ma colère d'écolo face à la destruction de la nature, de ce pays qui est et le sien et le mien. Dialogue tournée court, nous n'y étions pas préparés. Sciences humaines donc.
Nous en avons vu défiler plusieurs ainsi, l'unique leitmotiv de cette destruction massive demeure, encore et toujours, de pouvoir manger au jour le jour. Il n'y a rien à blâmer ni sanctionner. Pourtant, l'heure n'est pas au fatalisme, il faut agir et vite.

Aussi, face à la dénonciation des acteurs de la déforestation à Madagascar, de ces responsables de la perdition de nos ressources naturelles, de ces allumeurs de feux de la faim, de ces Malgaches ces inconscients, la solution ne pourra venir que d'une prise de conscience, d'une concertation mais surtout d'actions concrètes visant à proposer rapidement des alternatives de source d'énergie, des moyens pour exploiter les terres, ainsi qu'une sensibilisation et éducation pour irradier la solution dite facile des cultures sur brûlis. Ce qui fait déjà un nombre d'idées de projets sur lesquels se pencher.

Voir la fiche du Parc National de Zombitse Vohibasia
Lire l'action de WWF dans ce parc
Lire les actions de conservation environnementale de WWF à Madagascar
Lire l'appel aux volontaires (tiens, ça me dirait bien de réitérer l'expérience) pour Madagascar
Découvrir un super site: Flash Earth, où les images proviennent de , de , de , de , d' et pour le bouquet final celles de la

Allez, encore une fois, pour la route, cliquer pour agrandir:

madagascar_amo_2006310

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Commentaires
T
Lova> Hey! Congratulations! I'm going to read it straight after answering the comments here. I'm very happy that you're the one that write in GV.<br /> Sorry for the trackbacks, I guess they've changed its format and as I work on advanced user status, the automatic change doesn't work anymore on my blog. Anyway, I advise you not to use my trackbacks links anymore, just the permalink.<br /> Bravo ;)
L
Tattum, I took the liberty to quote your post. Alas The trackback did not work. <br /> http://www.globalvoicesonline.org/2007/02/23/madagascar-despite-series-of-unfortunate-events-bloggers-are-still-upbeat/
L
Tattum, I took the liberty to quote your post. Alas The trackback did not work. <br /> http://www.globalvoicesonline.org/2007/02/23/madagascar-despite-series-of-unfortunate-events-bloggers-are-still-upbeat/
T
Rotsaka> Juste après ton commentaire, j'ai zappé par hasard sur un reportage sur Madagascar, intitulé "Le chef d'entreprise de Madagascar".<br /> Je recopie ici le sujet du reportage tel que publié sur le site d'Arte, mais le lien va changer donc je recopie:<br /> <br /> Le chef d'entreprise de Madagascar<br /> de Michel Dumont, Eric Bergeron et Isabelle Nommay - ARTE GEIE – France 2006<br /> <br /> Le 3 décembre prochain, les Malgaches sont appelés aux urnes pour élire leur Président. En 2001, ils avaient mis fin au régime de Didier Radsiraka, grand adorateur d'Ho Chi Min en portant au pouvoir Marc Ravalomanana, le maire d’Antatanarivo. Une élection marquée par une année de troubles et d'incertitudes. Les Eglises, très influentes à Madagascar, avaient ouvertement soutenu Marc Ravalomanana.<br /> Cinq ans plus tard, le bilan de celui que l'on surnomme le « président-chef d'entreprise » est des plus contrasté. Il construit des routes, fait nettoyer les villes mais mélange sans état d'âme la gestion des ses multiples entreprises avec celle du pays. L'empire industriel que Marc Ravalomanana s'est bâti dans la production laitière, avant d'entrer en politique, s'est depuis 2002 considérablement agrandi : travaux publics, médias, commerce en tout genre, le « président-chef d'entreprise » est sur tous les fronts...<br /> <br /> Ceci pour dire, bien que j'aime écrire ne serait-ce qu'un court post sur les émissions sur Mada que je vois, je ne risquais pas de parler de celui-ci, la politique n'étant ni un sujet que je maîtrise, ni que j'apprécie. Mais je regarde et constate des choses au temps T.<br /> <br /> L'objectif premier de ce post demeure ma conviction pour l'écologie, mais il est intéressant de voir d'autres interprétations... :)<br /> Le microscope est un point de vue, une méthode d'observation, mais je concevais en fait ce que je disais sur le peu, davantage à l'échelle macroscopique. <br /> <br /> En effet, lorsqu'on est plongé dans une fosse abyssal (moi qui me passionne pour la mer, je précise que cela peut atteindre les 8 à 11km de profondeur), comme a été le cas de Madagascar en plus de 20 ans de despotisme et de pillage de son propre pays, quel homme peut se targuer de pouvoir remonter ce trou en quelques années et d'en être jugé? Je précise: non, je ne suis pas une pro-rav8, mais je constate, tout du moins, des améliorations à chaque fois que je rentre. On lui reproche de conduire le pays coe son entreprise? on lui reproche de s'accaparer les secteurs porteurs? de délits d'initiés?<br /> Oui, les chiffres montrent qu'on est encore plus pauvre, ils parlent d'eux-mêmes. Mais stucturellement parlant et de visu, ce ne sont peut-être que des routes par exemple,ou la lutte contre la corruption (ben oui, qui a fait de nouveaux pauvres!) mais je note qu'il y a eu des efforts jamais vus ni réalisés auparavant. Ce n'est pas que rien n'est fait, mais bon, instaurer une politique capitaliste dans un pays qui n'arrive même pas à se nourrir, n'est pas je l'accorde, la plus sensée... Mais ça avance, peut-être pas sur les essentielles priorités, mais ça avance à pas de fourmi. <br /> <br /> Juste que l'environnement demeure le laissé pour compte comme d'habitude. Il suffit de voir l'absence de résultats au sommet sur le changement climatique qui vient d'être cloturé à Nairobi...
R
>tattum<br /> le tien en effet, faute d inattention de ma part, emporté par la fougue...<br /> <br /> Quand il faut un microscope a balayage electronique pour différencier le peu du rien et quand une grande partie du pays declare de jour en jour et d années en années que la vie se degrade, pourquoi ne pas tt remettre en question plutot que de decerner des medailles en chocolat pour des merites epsilonesque...<br /> <br /> Un peu trop deçu de tout, peut etre aigri, je sais c est dommage mais quoi faire face au naufrage et lorsque l orchestre des politiques malgaches continue de jouer le meme morceau racorni ?
L'odyssée de Tattum
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