Astrologie malgache et applications
Je n’ai pas été élevée dans la pure tradition malgache, mais plutôt dans un ensemble de cultures, si fait que pendant longtemps, certaines choses m’échappaient.
Lorsque j’entendais autour de moi « Iny zaza iny angamba teraka Alahamady » (cet enfant doit être né sous le signe d’Alahamady, je comprenais soit né sous un bon signe, chanceux ) ou a contrario lorsqu’on parlait d’un poisseux « tena teraka Alakaosy mihitsy angamba ka ! » (il/elle a dû vraiment naître sous le signe d’Alakaosy, c’est-à-dire sous un signe qui ne porte pas chance).
Si on me demandait alors ce que cela signifiait ou d’où venaient ces expressions : même en ayant tourné ma langue sept fois, toujours pas de réponse !
Ouvrez les livres, élargissez votre savoir ! N’oublions pas que la culture malgache tire son originalité de sa confluence entre plusieurs civilisations : asiatique, africaine, arabe et européenne.
Notons que, de nos jours, certaines notions de l’astrologie malgache peuvent apparaître désuets, notamment dans les villes.
Selon la tradition astrologique héritée des Arabes, chaque individu naît avec un destin favorable ou défavorable, appelé vintana, ce destin que « seul Dieu peut changer ».
Par ailleurs, à Madagascar, chaque événement important (mariage, enterrement, le famadihana ou retournement des morts, pose de la première pierre d’une construction, etc..) doit avoir lieu un « bon » jour, un jour de « bonne destinée », déterminé lors de la consultation incontournable d’un mpanandro (devin-astrologue).
D’où cela vient-il ?
Le calendrier malgache
Il compte douze mois. Chaque mois comporte des destins, comme suit ; il existe ainsi 28 destins dans une année du calendrier malgache. A chaque destin correspond une signification, déterminant ainsi un destin majeur ou mineur, favorable ou non.
Mois |
Nombre de destins |
1. Alahamady 2. Adaoro 3. Adizaoza 4. Asorotany 5. Alahasaty 6. Asombola 7. Adimizana 8. Alakarabo 9. Alakaosy 10. Adijady 11. Adalo 12. Alohotsy |
3 2 2 3 2 2 3 2 2 3 2 2 |
Par ailleurs, chaque mois avec ses 28 destins, est une lunaison : espace de temps qui s’écoule entre deux nouvelles lunes consécutives.
Correspondance avec les signes astrologiques du zodiaque
ALAMAHADY (Al-h’amal) : Bélier
ADAORO (Auh-thaûr) : Taureau
ADIZAOZA (Al-dzaûza) : Gémeaux
ASOROTANY (As-sarat’ân) : Cancer (ou écrevisse?)
ALAHASATY (Al-asad): Lion
ASOMBOLA (As-sunbula): Vierge (ou épi ?)
ADIMIZANA (Al-mizan) : Balance
ALAKARABO (Al-aqrab) : Scorpion
ALAKAOSY (Al-qaûs) : Sagittaire (ou arc du stagiaire ?)
ADIJADY (Al-djadi) : Capricorne (ou chevreau)
ADALO (Ad-dalû) : Verseau
ALOHOTSY (Al-h’ût): Poisson
Orientation de la maison traditionnelle des Hauts-Plateaux
Les points cardinaux possèdent chacun une force symbolique, et l’on se situe, ses objets, soi-même, sa maison, par rapport aux directions et leur signification.
Précisons que les maisons modernes ne suivent plus tout à fait ces normes, le schéma ancien s’appliquant davantage aux maisons traditionnelles. Celles-ci sont orientées nord-sud, l’unique porte d’entrée se trouvant à l’ouest.
Sont placés, avec leurs destins, dans les quatre coins de la maison :
- Alahamady (premier mois lunaire de l’année) dans le coin Nord-Est (également le coin des ancêtres, une direction sacrée)
- Asorotany dans le Sud-Est
- Adimizana dans le Sud-Ouest
- et Adijady dans le Nord-Ouest
Les autres 8 mois, avec leurs deux destins, sont placés sur les murs, par deux.
Lorsque les maisons ne disposent que d’une seule pièce, l’espace est répartie selon le schéma. Tout se passe autour du pilier central, l’andry, également symbole du père. Au pied de celui-ci, se prépare la cuisine, également symbole de foyer et d’union.
La partie NE est réservée aux aïeux, aux grands-parents, aux ancêtres. C’est ici qu’on couche le mort avant de le déposer dans le tombeau familial.
Les maisons typiques des Hauts-Plateaux sont souvent surmontées d’un étage auquel on accède par un escalier extérieur. Elles sont ornées d’un balcon en bois fermé par une balustrade et soutenu par des piliers en brique.
Le rôle du mpanandro
Le mpanadro est donc consulté pour les décisions essentielles afin de déterminer les jours de « bonne destinée » ou encore les jours néfastes, soit ceux durant lesquels on ne doit rien accomplir.
Il indique les jours favorables d’après l’âge de la lune, tenant ainsi compte du déroulement du mois lunaire avec l’enchaînement des 28 destins. Il connaît ainsi le commencement de la nouvelle lune et la fin de son dernier quartier, les divisions de chacun des douze mois de l’année en cours (tonon’andro), les destins (tonom-bintana) qu’ils soient forts, favorables ou malheureux.
Il se base sur le destin au jour de la naissance d’une personne, et distingue ainsi pour le déroulement de la vie de celui-ci, les périodes favorables ou non. Il a ainsi besoin de juste savoir sous quel destin est né(e) celui/celle pour lequel on vient le consulter, s’il s’agit d’un grand destin majeur (renivintana) ou un destin mineur (zana-bintana), et en cas de mariage, si les destins ne sont pas opposés. D’après ces indications, il déduira les jours propices pour chaque événement.