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L'odyssée de Tattum
18 mai 2006

Sur le Canal des Pangalanes

C'est la première fois que je parcours le Canal des Pangalanes en longueur. Il faut dire qu'avant ce voyage, je n'avais pas de réelle idée du mode de locomotion possible pour le découvrir, où et qui contacter, ni des tarifs. En fait, j'ignore si je l'aurais envisagé ainsi si je n'avais pas organisé ce circuit dans mon propre pays. J'y ai jusque-là pataugé, et même appris à nager au niveau d'Ambila-Lemaintso, puis plus tard à Manambato.

Manambato justement. Nous quittons la route goudronnée à Brickaville pour la piste d'environ 7km. Une piste en mauvais état, et Daddy est soulagé qu'il ne pleuve pas, autrement, il aurait été difficile voire impossible de monter une pente plutôt raide qui aurait été un véritable et dangereux toboggan en cas de piste mouillée.
L'hotel nous a préparé un bungalow juste en bord de plage, mais nous avons dû en changer: ils avaient allumé la lumière, toutes fenêtres ouvertes, un bungalow devenu le lumineux Las Vegas pour moustiques et insectes en tout genre! Le dîner nous attend également. On apprendra en fait que l'hotel fonctionne avec un groupe électrogène allumé de 18h à 22h30, et que par souci de logistique, on ne peut commander les plats qu'on veut, mais un menu est proposé à chaque repas. Soit. Une soupe en entrée par 24°C toutes lucioles clignotant, ça réchauffe! Tonnum la tente, son estomac aura moyennement apprécié.
La nuit a été courte, j'ai du mal à dormir, entre l'odeur d'enfermé dont je suis allergique, et tout un tas de bestioles apparemment habitués à occuper les lieux, ne se gênant pas pour bouger, manger et que sais-je encore. Si j'avais un sac de couchage, j'aurais été tentée de finir la nuit sur la plage! Aussi à 5h30, je suis déjà dehors, à me promener le long du lac Rasoabe. Le ciel est très chargé, orageux, mais je profite de l'accalmie, bientôt rejointe par Tonnum. Enfants à la tâcheLa plage est quasi déserte, à l'exception d'un homme qui nettoie la plage, et plus loin, une mère et ses deux enfants en train de faire la lessive et vider des tilapias, côte à côte. La dernière fois que je suis venue à Manambato, on avait campé 4 jours sur cette plage, avec le club de trekking dont j'étais membre, séjour dont je garde de chers souvenirs. Cette fois-ci, le lieu semble sans vie, toutes les maisons secondaires appartenant à des familles aisées de la capitale ou de Toamasina sont closes, et les hotels semblent vides. Enfin, à 6h du matin, ça peut paraître normal! 

             Manambato - Lac Rasoabe

On décide de faire un tour dans le village, histoire d'être en contact avec les gens. On en profite pour acheter des paquets de biscuits dans une épicerie. Je réalise alors que je n'ai plus aucune idée de combien coûtent les choses actuellement, c'est très destabilisant d'autant que je n'aurais jamais cru que ça m'arriverait. Mais trois années d'absence suffisent de toute évidence... Je réalise ma maladresse de demander le prix à la mine étonnée de l'épicier, qui a mis quelques secondes pour me répondre. J'espère qu'il n'a pas gonflé le prix, question de principe. Mais ça n'a pas été le cas, on rachètera le même paquet à Toamasina au même prix.
Nous rentrons juste à temps, une bonne pluie bien drue caractéristique de la côte Est éclate. Tonnum est étonné par la force de celle-ci. Elle durera trois bonnes heures, ce qui nous laisse le temps de petit-déjeûner, bouquiner pour Tonnum et écrire un peu pour ma part, et de discuter avec le patron de l'hôtel. Celui-ci nous fait part de la difficulté de la logistique en abscence d'électricité, la flambée des carburants n'aidant pour le fonctionnement obligatoirement limité du groupe électrogène. Une navette doit se rendre à Brickaville deux fois par jour pour chercher les vivres de chaque repas. Il évoque également la difficulté de la gérance de son hôtel, étant pour lui une seconde activité, car il vit à Antananarivo. Après plusieurs expériences infructueuses, avec des nationaux et des vazaha, il doit tout gérer lui-même, ce qui n'est pas chose simple à raison de quelques jours de présence par mois. ManambatoCela s'en ressent quelque peu dans la tenue de l'hotel. Mais il est certain que devant le développement du tourisme et un marché qui va devenir de plus en plus concurrentiel, la démarche de répondre à une charte qualité de la part des hôtels semble incontournable. Moyennant encore beaucoup d'efforts et d'aménagement, selon des sens de priorités qui mériteraient probablement d'être revus. Vers 11h, le soleil revient, éclatant. J'en profite pour me baigner, Tonnum préférant continuer à lire. cet immense lac pour moi toute seule, je m'y suis sentie bien petite!

Nous quittons Manambato pour quelques jours à Akanin'ny Nofy. La vedette est ponctuelle. Nous avons de la chance, nous allons être les seuls passagers avec le conducteur et un guide, pour une dizaines de places.

Le Canal des Pangalanes
Nous quittons le lac Rasoabe et traversons le lac Rasamasay. Pour la petite histoire,
le long de la côte Est se succèdent sur près de 665 Km, une multitude de lacs et de lagunes naturelles, séparés de l'Océan Indien par une mince frange de terre (de Tamatave au Nord, à Farafangana au Sud). Des aménagements ont permis de lier ces cours d'eau entre eux, et surtout de rendre cette voie navigable aux péniches et chalands, assurant ainsi une navigation en sécurité.
Le canal des Pangalanes répond aux besoins commerciaux le long de la côte Est, avec le transport de nombreux produits grâce aux ports fluviaux aménagés dans la plupart des villes traversées. Réhabilité à la fin des années 1980, le canal est navigable sur un tronçon d'un peu plus de 430 Km, de la gare fluviale de Tamatave à celle de Mananjary.


Oreilles d'éléphant Points kilométriques : le canal est balisé par des "PK" tous les dix kilomètres.
PK 0 Tamatave
PK 60 Akanin'Ny Nofy
PK 90 Ambila Lemaitso
PK 101 Andevoranto
PK 155 Vatomandry
PK 228 Mahanoro
PK 341 Nosy Varika
PK 433 Mananjary.
Source: Madagascar, le guide.


Canal des PangalanesLe Canal des Pangalanes est un milieu unique, reliant un chapelet de lacs, de lagunes et de rivières. On est bien sur la côte Est, mais le décor est d'une autre beauté, le long de cette artère liquide aux nervures tantôt d'un vert profond, tantôt bleutées, entourée d'une végétation luxuriante. Un miroir aquatique bordé de Pandanus, de bosquets d' "oreilles d'éléphant" (Typhonodorum lindleyanum ou Alocasia macrorrhiza?), et de majestueux ravinala. Nous croisons des pirogues de pêcheurs, silencieuses comparées au boucan que fait le moteur de notre bateau, un homme chargeant du bois sur une plate toute rouillée, et des villages épars et isolés dans ce cadre.

Pêcheur Pandanus Chargement de bois

Une épave également, probablement là depuis quelques dizaines d'années.
La population vit essentiellement du commerce de produits locaux (bois, frits et légumes, charbon de bois, etc...) ainsi que de la pêche. A chaque rétrécissement de la voie, au passage d'un lac à une lagune, on peut observer des passes à poissons, faites de roseaux et en bois, en forme de V au fond desquelles se font piéger les poissons.

Epave Passe à poisson Oreilles d'éléphant

Lac AmpitabeAkanin'ny Nofy
Après une heure de trajet, nous arrivons sur le lac Ampitabe où se niche Akanin'ny Nofy, qui porte bien son nom de "nid de rêve". Notre hotel se trouve sur la presqu'île qui renferme également la réserve privée Le Palmarium. Le bateau s'amarre au niveau d'un long ponton en bois, l'accueil est sympathique, avec le cocktail de bienvenue. A peine avons-nous monté les marches qui conduisent au jardin de l'hotel que nous pouvons apercevoir un couple de Varis (Vari variegata), vautrés à proprement parler sur leur branche. Quant au jardin, il est magnifique, surtout baignant dans la lumière du jour descendant, avec diverses variétés de palmiers, au milieu des ravinala toujours, de plantes xérophytes comme les Aloe, d'orchidées, d'acacias de différents coloris. Vraiment charmant. bungalowTout comme le bungalow, la vue surplombant le lac, avec un hamac et un salon en bambou extérieur en terrasse et un intérieur clair et spacieux. On est charmé.
L'hotel fonctionne également au groupe électrogène, et les repas sont à heure fixe: le déjeûner à 12h, et le dîner à 19h, toujours avec des menus uniques. Gloups! On va faire avec, tant pis pour la flexibilité des horaires en vacances. Les affaires posées, nous partons dans la forêt située derrière l'hotel, faisant attention de ne pas sortir des sentiers balisés dans ce lieu que l'on découvre juste. C'est un avant-goût de la visite prévue en groupe.

Vari variegataLe petit-déjeûner a été à la fois surprenant et magique. Ne voulant pas rester enfermés, Tonnum et moi décidons de nous installer à une table extérieure. Nous voici bientôt approchés par un, puis deux, puis jusqu'à une dizaine de lémuriens, perchés  sur leurs branches, attendant, on le saura plus tard, leur friandise de bananes quotidien. Un lemur vari, un jeune encore fou fou, a décidé qu'il voulait jouer. Premier contact de Tonnum, avec une agréable surprise lors de la préhension des petits doigts à coussinets et une légère inquiétude vite passée lorsque le prosimien le mordille doucement. Mais il joue, pas d'inquiétude à avoir.
OrchidéeLa visite a été riche et intéressante. Le maître des lieux et non moins guide, est particulièrement fort pour dénicher la moindre minuscule grenouille dans un milieu ombragé dans lequel elle se confond parfaitement, pour imiter les cris de l'Indri-indri ainsi que du sifaka pour les attirer, ou pour expliquer la magie des plantes épiphytes (ça m'intéresse davantage), ou encore pour trouver des orchidées rares et singulières (pléonasme?). Je fais la connaissance d'un guide, Hery. Son fils de 4ans, adorable et très bavard, l'accompagne avec son groupe de visiteurs, avec qui on effectue également le tour de la réserve. A la phrase "j'ai beaucoup voyagé", je suis toujours tentée de répondre "Je m'en fous, ça ne change rien à ma vie", mais ça a été son intro pour un échange fort sympathique. Il adore son métier qu'il pratique depuis maintenant dix ans, ce qui lui a permis de faire 4 fois le tour complet de Madagascar. Le pied! Il préfère notamment travailler avec des groupes de scientifiques, mais garde de très bons souvenirs de chaque région, quelque soit le contexte. Je suis loin d'avoir fait le tour de la Grande Ile, mais j'ai apprécié échanger avec lui, sur les endroits que je connais, ce qui nous y a marqué, comment ça a évolué depuis, etc... J'ai gardé ses coordonnées, pour un projet de voyage que j'ai sur la côte Ouest cette fois de l'île. Ces personnes ont toujours de précieux conseils pratiques.
Voir l'album Faune et Flore.

Akanin'ny Nofy On peut également se baigner dans le lac, l'eau doit faire au moins 28°C! Histoire de s'amuser, on a enfilé nos masques, palmes et tuba, à nager après les quelques pauvres poissons autour du ponton. Le soir de la pleine lune, j'ai voulu l'admirer, allongée sur le ponton. J'aime beaucoup les pleines lunes, surtout au bord de l'eau ainsi. Bien que je ne pense pas faire partie de ces personnes influencées de près par les mouvements lunaires, c'est un spectacle que je ne rate jamais lorsque le cadre s'y prête. Le bruit du léger clapotis de l'eau, la lumière bleutée reflétant sur l'eau, le contraste des couleurs sombres et claires de la lune, et la quiétude ambiante... La scène idéale pour laisser libre cours à ses réflexions, et ses rêves... Dire que je suis une grande rêveuse, je le suis, mes rêves m'aident à avancer; dire qu'il faut garder les pieds sur terre, je les ai ancrés trois lieux sous terre. Et la tête dans la lune. C'est toute l'histoire de ma vie...

Un séjour bien agréable, idéal pour se ressourcer dans un cadre paisible, et on s'adapte aux horaires fixés.
Seul bémol: n'ayez pas la bonne idée de vous retrouver les seuls clients restants, car par souci d'économies probablement, les lumières peuvent être allumées avec beaucoup de retard, 1h30, et on a le temps de se repasser les idées dans le noir!
Egalement, le cafouillage par ce qu'on entend par "prix par groupe". Mathématiquement, si on est un groupe de 10, certes formé de 3 entités, mais le tout formant bien le groupe de 10, et que le prix de visite par groupe est de 10 000Ar, logiquement, cela revient à 1000Ar par personne, non? Alors j'ai dû avoir des troubles de calcul en me rendant compte que chaque entité a été facturée de 10 000Ar... Ce n'est "que" 4€, mais la transparence, maître-mot..
.

Eboulement sur le Canal des PangalanesPuis de nouveau sur le Canal des Pangalanes, direction Toamasina pour un trajet de 3h. Le cadre demeure aussi unique, on croise davantage de pêcheurs, divers bateaux chargés de produits prêts à être commercialisés à Toamasina, plus de villages. Ca fait du bien, ça nous a manqué durant ces quelques jours au sein du nid. Peu avant le port fluvial, suite à un affaissement au niveau d'un barrage, le canal a été comblé par le sable. On retrouve alors les scènes telles qu'elles devaient être avant les travaux d'aménagement de 1901. Tout le monde débarque, puis on dépose toutes les marchandises au niveau de la berge, pousse l'embarcation de l'autre côté de l'éboulement, ramène le chargement, et l'on remet le tout sur le bateau. Un travail de fourmis, mais obligatoire, et personne ne rechigne. C'est aussi ça, Madagascar!

Pêcheur Village Pêcheur

Végétation Nasse à crevettes Pêcheur

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Commentaires
T
Rija> Merci, je ne savais pas (je regarde beaucoup moins mes stats en ce moment). L'essentiel, c'est de ne copier l'initiative ou le concept de personne. :)
R
Eh Tattum!Celle qui cite citée:<br /> http://www.palmarium.biz/index.php?option=com_content&task=view&id=61&Itemid=67<br /> <br /> Avec toutes tes références,ces guides qui t'ont déjà répertorié,tu deviendras aussi incontournable que les grands noms du tourisme!<br /> Le pari est 'combien vont t'emboîter le pas?',car c'est connu que les Malgaches aiment copier ce qui marche!Ahem!C'était la boutade du dimanche! lol
T
Jlbubu94> Merci pour ton commentaire. Effectivement, c'est bien l'hôtel où on était. Je ne l'ai pas cité comme je ne le fais pas systématiquement, ainsi pas de lésés, surtout si je dois donner mon opinion sur certains. Mais cet hôtel et cet endroit mérite bien son nom, fortement conseillé pour les amoureux qui aiment la nature. :)
J
J'ai fait la cote est de Madagascar et me suis rendu dans une petite réserve hyper sympa ou l'on peut approcher les lémuriens assez facilementainsi que les autres espèce de cette réserve. Elle se trouve sur le bord du lac Ampitabe et se nomme "Palmarium (le nid de reve)", nous y avons passer 2 nuits et franchement le dépaysement est total, les bungalows sont hyper spacieux et les repas sont correctes, l'accueil sympa. ils ont un site maintenant (www.palmarium.biz) qui reflete bien la réserve avec de belles photos. Je conseil cet arrêt pour les personnes passant sur le lac. A bientôt...
D
bonjour Tattum<br /> merci pour la balade , je ne connais que le nord de l'île où j'ai passé 17ans!!! inoubliables naturellement...Joffreville.. Diego et alentours Nossy Be......TANA Juste pour le grand départ et TAMATAVE toute petite lors d'une escale en direction de LA REUNION (mais là aucun souvenir.....)<br /> merci de ta ptite visite au lac (dans les Alpes de HAUTE PROVENCE.04) <br /> veloma
L'odyssée de Tattum
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