En matière de fracture numérique
Le domaine de la communication, des NTIC, d'accès à internet fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. L'actualité à Madagascar n'y échappe pas. A l'heure où l'on n'arrive ni à éradiquer les grands maux de notre siècle comme la pauvreté, la faim, le sida, le paludisme, l'alcoolisme; ni à réaliser que la protection de l' environnement n'est décidément pas une préoccupation secondaire, maintenant source de cancers, de la désertification, de mort tout simplement; l'heure est à réduire au plus vite la fracture numérique des pays en voie de développement... Certes, je ne doute pas un instant que l'ouverture à la technologie et au monde contribuera assurément à un certain développement (ou développement certain?) du pays, mais nous n'avons pas tous le même sens et souci des priorités! Cela m'interpelle d'autant plus que je viens de voir un excellent reportage: "Madagascar, des millions partis en fumée" , soulevant la conciliation indispensable du développement humain et du développement durable à Madagascar. Trop longtemps, les scientifiques et ONG à l'origine du message "Sauvons la forêt malgache" à travers le monde ont oublié de considérer d'abord les hommes avant la richesse faunistique et floristique de notre île, avant nos lémuriens...
En participant à un projet avec WWF, j'ai pu constaté de moi-même que le Malgache est loin d'être inconscient de détruire la forêt. Il sait qu'il lui doit bon nombre de ressources, et que le désert ne nourrira pas son homme. Mais quand votre souci est de sensibiliser à la pérennité de ce milieu, et qu'il vous répond qu'il faut bien qu'il cultive pour manger, qu'il pratique le tavy à défaut de matériels et de barrage, qu'il déboise pour en faire du charbon pour survivre... Proposer des alternatives économiques semblait tomber sous le sens...
La fracture numérique
La fracture numérique, traduit de l'américain Digital divide, désigne le fossé entre ceux qui utilisent les potentialités des technologies de l'information et de la communication (TIC) pour leur accomplissement personnel ou professionnel et ceux qui ne sont pas en état de les exploiter faute de pouvoir accéder aux équipements. Ce fossé numérique ne cesse de s'accentuer entre le Nord et le Sud.
Nombre d'utilisateurs d'internet:
Afrique: 16 millions de personnes
Asie: 323 millions
Océanie: 16 millions
Europe: 269 millions
Amérique du Nord: 223 millions (pas plus?)
Amérique du Sud: 68 millions
Ainsi, en matière de fracture numérique, Madagascar se trouve à la 179ème place mondiale. La mieux placée d'Afrique/Océan Indien est l'île Maurice à la 80ème place, comptant 103 utilisateurs d'internet/ 1000 habitants, tandis que Madagascar n’en est qu’à 3/1000. Par opposition, la fracture numérique est la plus faible en Islande avec 648/ 1000, dépassant les Etats-Unis (551/1000) ou encore le Danemark (513/1000). Voir la liste complète de la fracture numérique, pays par pays.
La réduction de la fracture numérique et le contrôle de l’internet ont été les thèmes du sommet mondial de la société de l’information (SMSI) à Tunis, le 16-17-18 novembre derniere, en visant notamment à connecter tous les villages du monde à l'internet d’ici 2015. Un milliard de dollars sera nécessaire pour cette opération en faveur des 800.000 villages encore coupés de la toile. Inspirée de la simple pyramide de Maslow, avant de me soucier de devenir internaute, je suis d'abord satisfaite de manger à ma faim, d'accéder à l'eau potable et l'électricité, d' avoir un toit, de suivre une scolarité, de pouvoir me soigner avec les moyens nécessaires, de travailler et donc gagner ma vie, d'envisager un avenir, d'avoir des projets... Je ne suis peut-être pas normale...
Ce sommet a été également l'occasion de présenter le premier prototype de portable à 100 dollars. La concrétisation d'un projet lancé en début d'année, dont l'ambition est de permettre à chaque enfant dans le monde de disposer d'un portable, y compris dans les pays en voie de développement. Et non uniquement à ces derniers, puisque l'état du Massachusetts a indiqué qu'il envisageait d'en commander 500.000 pour fournir ses propres écoles. Et la Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud, la Thaïlande et l'Égypte ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. Ce portable propose un module de communication avec les réseaux sans fil de type Wi-Fi, comme l'accès à Internet via un réseau maillé. Pourquoi pas...
En Afrique
Un câble de fibre optique sous-marin, baptisé SAT-3/WASC/SAFE, long de 28.000 km reliant l'Afrique à l'Europe et l'Asie constitue, depuis trois ans, un outil de désenclavement numérique et un accès à une large bande passante indispensable pour l'internet à haut débit.
Un premier segment, dans l'océan Atlantique, part du Portugal et descend jusqu'au Cap, en Afrique du Sud, avec des ramifications dans huit pays côtiers: Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin, Nigeria, Cameroun, Gabon et Angola.
Un deuxième segment, dans l'océan Indien, relie l'Afrique du Sud à la Malaisie, en passant par La Réunion, Maurice et l'Inde. Madagascar a raté le coche!
Aujourd'hui, si tous les spécialistes admettent que SAT-3/WASC/SAFE a marqué un tournant, l'intégration reste embryonnaire et la fracture numérique est loin d'avoir disparue. Un des obstacles majeurs reste des prix très élevés, voire prohibitifs, liés à l'absence de concurrence. Au-delà des coûts, le décalage entre la côte Ouest, qui compte huit points de raccordement, et la côte Est, laissée de côté, constitue un autre déséquilibre flagrant. Pour y répondre, un réseau sous-marin régional, relié à SAT-3/WASC/SAFE, a été imaginé. Le câble EASSy (Eastern Africa Submarine Cable System), retenu comme l'un des projets prioritaires du Nepad, reliera l'Afrique du Sud au Soudan en passant en particulier par le Mozambique, Madagascar, la Tanzanie, le Kenya ou encore la Somalie. Il devrait, selon ses concepteurs, être opérationnel d'ici fin 2007. Très optimistes? (source AFP )
Le e-développement
La Banque mondiale est le principal bailleur de fonds international dans le domaine des technologies de l’information et des communications pour le développement, avec des projets TIC dans plus de 80 pays et un portefeuille global d’un montant supérieur à 3 milliards de dollars. Une partie de ces fonds est spécifiquement consacrée à des initiatives en matière de e-gouvernement.
Selon un de ses rapports, les avantages offerts par des projets réussis de e-développement sont énormes et peuvent engendrer des bénéfices importants pour toute une série de secteurs, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, si les risques encourus sont gérés de manière appropriée. Lire l'ensemble de l'article.
En attendant, cet article de MadagascarNet nous relate l'actualité de l'accès à internet dans la Grande Ile.